Quand on mendie il faut apprendre à être patient, à supporter beaucoup de choses. Celui qui a besoin du bien d’autrui doit satisfaire jusqu’à ses caprices
Aminata Sow Fall (Grève des battùs, 1979)
Le deuxième titre attribué à ce roman est: « Les déchets humains ». Senghor utilisait cette expression, parlant des mendiants de Dakar.
Aujourd’hui, troisième jour de la grève des transporteurs, tout le système routier au Sénégal est bloqué.
C’est presque avec un mépris ostentatoire que le ministre à répondu aux responsables
du Cadre Unitaire des Syndicats des Transports Routiers du Sénégal (CUSTRS) : « les transporteurs qui veulent travailler n’ont qu’à travailler et ceux qui veulent faire la grève, n’ont qu’à la faire ». Des propos qui suscitent critiques et indignation pour un ministre de la République en charge des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement (MITTD), comme si son statut de beau-frère du président l’immunisait de toutes représailles de la part de celui-ci.
Que Mansour Faye ignore loyalement les revendications tout à fait légitimes des transporteurs routiers ainsi que les souffrances des populations, principalement des gorgorlous, se comprend.
Ni lui, ni aucun membre de sa famille n’utilisent les transports en commun.
Les usagers du transport en commun, les élèves et étudiants, les travailleurs, ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un véhicule personnel, soient plus de 90% de la population sénégalaise doivent accepter les caprices de Mr Faye et soulever leur battù en direction du Président de la République afin qu’il y dépose la pièce qui réglera cette situation : la pièce correctionnelle des agents corrompus.
« Déchets humains » s’il y’a, ce ne sont certainement pas les chauffeurs de « Niagga Ndiaye », de « Car rapit » et de « Kalando », qui font leur travail avec dignité pour vivre à la sueur de leur front et entretenir leur famille.
NB: Battù signifie pot ou calebasse où on met l’aumône (en poular: « faandu »)
Aboubacry Diallo, enseignant à Thilogne
