Matam: la crise alimentaire plane dans la région, 549.000 en insécurité alimentaire à Kanel et Ranérou.

Les chiffres officiels annoncés par Jean Pierre Senghor sur la situation alimentaire dans la région de Matam a créé un véritable séisme auprès des populations et autorités locales. 549 mille sur les 680 mille personnes vivant dans la région seraient en incapacité d’assurer les 3 repas quotidiens. Pour les populations, ces statistiques fallacieuses ne sont juste que des prétextes pour capter plus de fonds.« c’est une honte pour toute la région », tels sont les premiers mots de Dr Mamadou Ndiadé, grand producteur agricole, au sujet du nombre annoncé de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans la région de Matam. Elles sont estimées à 549.000 selon le secrétariat exécutif du conseil national de la sécurité alimentaire. Dans un style sobre et mesuré propre aux hommes de son âge, le directeur général de la société Agro-astel a laissé paraître toute sa frustration « il faut contredire toutes ces fables concernant l’insécurité alimentaire à Matam, la famine à Matam. Moi, ça me fait honte quand j’entends certains dire que Matam a faim alors qu’on a les potentiels aujourd’hui pour même être des exportateurs nets de produits alimentaires au Sénégal », déclare-t-il au beau milieu de la SIPA de Ourossogui.

Les chiffres officiels de la SECNSA soutiennent que plus de ¾ de la population de la 11e région du Sénégal sont confrontées à une insécurité alimentaire. Mieux, ces populations sont concentrées dans les départements de Kanel et de Ranérou. Ces chiffres paraissent invraisemblables d’autant plus que selon la dernière estimation de la population, Ranérou compte 62.000 habitants et Kanel 288.000. Les deux départements cumulent une population estimée à 350.000. La question qui taraude les populations est de savoir comment le nombre de personnes en insécurité alimentaire recensées pourrait il dépasser le nombre total des habitants. Les 200.000 autres viennent elles du seul département de Matam ? Pour Baba Diallo, enseignant de son état, ces chiffres ne sont que de la poudre aux yeux pour capter davantage de fonds. « Ces statistiques n’ont aucune crédibilité. Quand j’ai vu les chiffres, j’ai failli tomber des nues. Je me demande de quelle région ils étaient en train de parler. Il y a certes des difficultés dans certaines localités de la région, je n’en disconviens pas mais delà à avancer de tels chiffres, c’est abusé. Ces services balancent des chiffres pour alarmer le gouvernement et les bailleurs et pouvoir capter des fonds. Et nous le savons, la plupart des fonds annoncés n’arrivent pas à destination. Nous demandons un minimum de respect pour la région de Matam », fulmine-t-il

DRDR : « soyons logiques, ça n’a pas de sens »

C’est auprès des autorités que les chiffres de Jean Pierre Senghor ont généré plus de mécontentement. Le directeur régional du développement rural, Abdoulaye Camara n’a que très peu goûté aux stats officielles sur l’insécurité alimentaire à Matam. Dans un ton dur et sérieux, il a tenu à mettre les points sur les i. « Depuis que je suis dans cette région, j’ai toujours amené les choses à leurs justes proportions. Maintenant ces gens qui font ces genres de déclarations sont au même niveau d’information que moi. Donc s’ils disent des choses pareilles, c’est leur responsabilité. Moi, je dis une simple chose. Matam est une région où un département dans lequel la production agricole provient au moins pour 60% de l’irrigué. Le département de Kanel la même chose. Alors comment un département comme cela peut être sinistré en matière de sécurité alimentaire ? Alors qu’un département du bassin arachidier nord qui ne compte que sur la pluie n’est pas sinistré ? Soyons logiques, cela n’a pas de sens », s’emporta-t-il.

Sudfm Matam , Abdourahmane Diene

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